Maxime, un ami Esieen, pose de justes questions dans un commentaire de mon précédent article qui mérite une réponse. J’ai fait quelques coupes dans le commentaires original pour aller à l’essentiel, mais vous pouvez le retrouver ici.
Mes questions portent sur les DRM (Digital Rights Management, que certains surnomment les Digital Restrictions Management), intégrés de manière avancée dans Vista…
Pour ceux qui savent pas, en gros les DRM donnent des pouvoirs qui vous appartenaient jadis, à Microsoft et aux géants des médias, comme le pouvoir de décider quel programme on peut utiliser ou non sur son ordinateur, le pouvoir d’installer de nouveaux programmes (cette fois à l’insu de son plein gré), ou encore le pouvoir de restreindre l’accès à certains programmes, voire à ses propres fichiers de données.
Lisez bien votre license Vista, il y a un paragraphe contenant « You consent to being spied upon by Microsoft, through the ‘Windows Genuine Advantage’ system » ou encore « You give Microsoft the right, through programs like Windows Defender, to delete programs from your system that it decides are spyware. »
Je précise aussi que pour que l’ordinateur puisse vous signifier ce que vous ne pouvez pas faire, il vous surveille en continu, ce qui utilise inutilement (pas selon le point de vue de Microsoft) de la puissance de calcul et de la mémoire D’où un besoin d’avoir une configuration plus puissante, même si vous voulez simplement continuer à utiliser les mêmes logiciels.
[…]
Est-ce que c’est au contraire un sujet tabou [les libertés] ? Pourquoi Microsoft n’utilise pas sa formidable popularité planétaire pour répandre de meilleures idées ?
Je vais répondre en tant que non-connaisseur. Je ne travaille pas du tout sur les DRM dans le cadre de mon stage et ce n’est pas au département Services (au contact des entreprises et très peu des particuliers) que ce débat fait rage.
Les DRM existaient bien avant que Microsoft ne les mette en place. Les DVD zonés en sont une des applications et de la même manière, on pourrait dire qu’une platine de salon perd en puissance de calcul lors de la vérification géographique. Pourtant, personne n’a constaté une surchauffe des platines DVD, tout comme personne n’accuse une baisse de qualité à l’écoute des morceaux musicaux ou à l’exécution de logiciels munis de DRM. Ces vérifications sont extrêmement rapides et à titre d’exemple, il est beaucoup plus complexe pour un jeu vidéo de savoir quelle carte graphique est installée sur la machine que de savoir si le DRM (qui n’est jamais qu’un certificat) est valide. Le débat n’est clairement pas là .
Alors où est-il vraiment ? D’abord, il faut comprendre que les DRM ne sont pas un caprice de Redmond. Ils proviennent d’une volonté des producteurs de contenus de protéger leurs œuvres, suite aux dérives de cette dernière décennie en termes de pillage de patrimoine (téléchargements illégaux, problèmes de droits d’auteur sur les fichiers numériques). La France elle-même, du moins son système législatif poussé par les professionnels des médias (et je te rejoins sur ce point), a soutenu cette entreprise via la loi DADVSI.
Maintenant, il ne faut pas gober tout ce qu’on raconte sur Internet. Vista ne vous empêchera pas plus de lire vos fichiers musicaux ou vidéo que ne le faisait XP (à l’exception près des DVD Haute Définition qui demanderont un écran adéquat pour être lu. Mais il s’agit encore une fois ici d’une volonté extérieure à Microsoft).
Qu’il s’agisse de WGA ou de Windows Defender, ils ne mettent pas en danger l’utilisateur. Ce genre « d’espion » est notamment ce qui peut protéger les usagers d’un détournement de leur système à leur insu car contrairement à ce qu’on peut lire ici et là sur la toile, les modifications opérées sur les systèmes Windows par ces applications sont toutes signifiées à l’utilisateur par des messages claires et des demandes.
Je dirais que Windows n’est pas un OS de liberté pour les techniciens acharnés de l’informatique, mais ce n’est pas son rôle. Il permet aux utilisateurs de trouver une plateforme conviviale, qui leur permet de gérer leur contenu (légal), leurs loisirs, leurs emplois et leurs outils. Les systèmes libres sont bien plus pertinents lorsqu’on veut rentrer dans la technique (attention, je n’ai pas dit qu’ils étaient complexes). Y compris pour un meilleur contrôle de ce qui a lieu derrière l’utilisation. Mais là où la question se pose c’est : les gens veulent-ils ce contrôle absolu qui les empêcherait d’autant s’amuser (vu les réactions autour de l’UAC qui est vraiment un outil de contrôle poussé par rapport à ce qui se faisait avant sur XP, j’émets un doute).
Et le Monde ne s’y trompe pas. Si les DRM ne permettent pas d’atteindre leurs objectifs, ils seront abandonnés à l’image de ce qui se fait déjà sur de nombreux sites de vente de musique en ligne. Et si Windows Vista ne permet plus aux utilisateurs de gérer leurs contenus (et je le répète, ce n’est pas le cas), ils ne l’utiliseront pas (et visiblement, ce n’est pas le cas non plus).
Pour moi, on reproche à Microsoft d’implémenter un mécanisme auto-protecteur qui permet aux utilisateurs de préserver l’intégrité de leur système en installant pas n’importe quoi, après lui avoir reproché pendant des années de produire des systèmes instables et insuffisamment protégés. On reproche à Microsoft d’implémenter les DRM alors qu’ils font partie entière de la législation de nombreux pays dont le nôtre. On accuse Microsoft d’empêcher l’exercice des libertés de l’utilisateur alors que ce sont les fournisseurs de contenus qui implémentent les DRM dans les éléments.
Je pense que si le débat doit avoir lieu, il doit être sur la notion-même de DRM, qui reste selon moi améliorable, et sur les nouveaux modèles économiques qui devraient naître autour de la musique et de la vidéo plutôt que d’essayer de préserver les anciens, parfois au détriment d’une certaine clarté pour l’utilisateur. Il faut engager une vraie réflexion sur les droits, vite.