Je suis revenu du travail vers 20h, pour être sûr de ne pas rater le débat présidentiel. Les chroniqueurs radio commentaient les préparatifs du débat. Comment sont-ils placés, comment sont-ils habillés, quelles sont les petites phrases tactiques qu’ils sortiront au moment voulu… placement, maillot, tactique… un vrai match de foot.
Désormais je regarde le débat. Les candidats s’attaquent et se répondent. Nous commentons en couple les idées lancées, mêmes si la plupart sont déjà connues. Les termes employés frôlent le sportif : « Untel est sur la défensive », « Untel attaque », « Untel contre-attaque », « Untel se ne laisse pas dominer », « Untel feinte », « Untel s’énerve »…
On dira sûrement après qu’il ou elle a fait un bon débat, ou qu’il s’est laissé dominer. On dira qu’il ou elle n’a pas le charisme, ou que sa personnalité inquiète. On dira qu’il ou elle veut tout changer, qu’il ou elle se heurtera aux urnes, qu’il ou elle sera élu(e)… Ce n’est plus un débat politique, c’est un spectacle. Elle en noir le point serré, lui souriant en coin. Moins que deux programmes, ce sont deux personnalités qui s’affrontent.
Je me demande qui va aller voter dimanche : les spectateurs, avides de spectacle, qui jugeront sur la performance d’une soirée ou les électeurs qui voteront en toute connaissance des programmes, pour le meilleur ou le moins pire ? Une chose me rassure : en ouvrant mon reader RSS, je vois que je ne suis pas le seul blogueur à m’inquiéter.