Je trouvais que le blog était un peu en manque de commentaires alors je me suis dit que j’allais faire un petit article polémique, histoire de lever la critique. Aujourd’hui, je veux revenir sur un mythe qui m’énerve : les logiciels libres seraient le fruit du travail de millions de développeurs unis tous ensemble, main dans la main en chantant. C’est bien sûr faux.
Le modèle de développement Libre est souvent perçu comme encourageant l’amélioration et la contribution, certains allant même jusqu’à clamer la supériorité du Libre et de ses « millions de contributeurs ». La réalité est légèrement différente car il ne suffit pas que le code soit partagé pour que naisse une communauté ayant la volonté, l’organisation et les compétences nécessaires à sa compréhension et à son amélioration, d’autant que tout cela est déjà très délicat dans les communautés réduites que constituent les groupes de projet en entreprise alors imaginez à plusieurs centaines de développeuses et développeurs…
Pour garantir l’adhésion de membres souvent dispersés, il faut que la technologie soit attrayante, que les leaders soient clairement définis et motivés pour avancer dans la même direction. L’orientation de la communauté doit donc être définie au plus tôt, la formation technique de ses membres irréprochable (ce qui implique aussi de soigner l’accueil et la montée en compétence des nouveaux) et leur respect de l’évolution du projet capital (les dissidences créent des divisions inutiles au sein des communautés). Ces conditions sont difficilement remplies par des novices du développement, c’est pourquoi les communautés open source sont bien souvent le fruit de la réunion de plus petites communautés professionnelles ou d’organisations à but non lucratif sponsorisées par des organisations à but très lucratif (qui voient par là le moyen de financer à coûts partagés un développement qui pourrait leur coûter plus cher en interne) très structurées qui gèrent l’industrialisation du développement de l’application.
Comme vous pouvez l’imaginer, difficile de réunir dans ces conditions le travail de millions de développeurs (quelques centaines et c’est déjà sévèrement difficile). Ca n’enlève rien à la qualité de leur travail ni à la beauté de leur motivation.