« Flic » est un receuil d’histoires vécues par une fliquette, du féminin péjoratif de flic, lui même assez peu agréable en général (le mot, pas le flic… du moins pas toujours). Elle nous raconte certains de ses souvenirs, du plus cru au plus touchant en passant par le difficilement acceptable et les réalités que parfois on ne veut pas (sa)voir.
"Flic" a un mérite qu’on ne peut pas lui enlever : il remet le lecteur à sa place et le renvoie à son humilité. Humilité face à la vie qui prend et qui donne aussi parfois, humilité face à ces représentants de l’ordre qui ne sont jamais que des hommes et des femmes comme les autres mais dont la vie n’est pas vraiment celle des autres.Une fois qu’on a lu ce livre, la perception de la réalité qui nous entoure semble avoir changé parce qu’on se rend compte que dehors, certaines personnes ont dédié leurs efforts à notre sécurité.
Bien sûr, et Richard ne me contredira pas, les flics ne sont pas toujours des héros, et pas tous. Bénédicte le souligne aussi. Elle n’hésite pas à accuser la hiérarchie, les syndicats, la manipulation politique par le chiffre. Elle dévoile certaines libertés prises par les flics avec la loi pour la rendre plus humaine mais aussi certains abus qui seront couverts par le silence administratif et la réserve.
Bénédicte ne mesure pas ses mots, elle ne cherche pas la phrase de 18 lignes riche d’images et de paraboles. Elle préfère écrire comme elle pense : de manière structurée mais efficace. Avec des mots précis, qui sonnent juste, qui font mouche. C’est qu’elle a le goût de la phrase forte, la fliquette. En quelques mots à peine elle plante le décor et les personnages. Quelques mots de plus et nous voilà plongés dans l’action. Une page ou deux et on se prend à réfléchir mais c’est déjà trop tard, l’histoire est finie et nous voilà le souffle coupé.
Quelques secondes, quelques minutes, quelques heures pour réfléchir et nous voilà à nouveau tournant avec empathie les pages de la vie d’un flic…