C’est un peu mon sujet récurrent du moment mais pour une fois ce n’est pas ma faute : c’est celle d’un sondeur qui m’a appelé ce matin pour me demander ce que je pensais des grèves en série… le pauvre.
— Bonjour Mr Schapira, je ne vous dérange pas ?
— Bonjour. Vous me réveillez.
[silence]
— Désolé de vous déranger mais je représente…
Il m’introduit le nom de son institut (BVS ou un truc comme ça. Je me réveille doucement tandis qu’il balance son discours préparé), puis enchaine des questions sur les grèves en cours et à venir :
— Que pensez-vous des revendications des grévistes ?
— Lesquels ?
— Oui, excusez-moi, que pensez-vous des grèves qui ont lieu dans les transport en commun ?
— Ce que je pense des grèves ou des grévistes ?
— Attendez. Recommençons. Que pensez-vous des revendications des salariés qui font grève dans les transports en commun ?
— Ça dépend quelle grève.
— Pardon ?
— Vous parlez des grèves autour des régimes spéciaux ou de celle pour la réévaluation des salaires ?
— Celles sur les régime spéciaux, excusez-moi.
— Donc vous me demandez ce que je pense des revendications de ceux qui font la grève pour que le gouvernement les inclut dans les discussions autour de la réforme ou de ceux qui font la grève pour conserver leur régime spécial ?
— Ecoutez, Mr Schapira, si vous ne voulez pas participer, dites-le tout de suite.
— Je suis ravi de participer, mais posez-moi des vraies questions. Je suis contre la grève parce qu’elle m’empêche d’aller bosser, pour parce que je comprends que ces gens-là aient travaillé toute leur vie pour quelque chose qu’on leur enlève, contre parce que je pense qu’il faut réformer les retraites pour que la France s’en sorte et pour parce qu’il serait bien qu’on augmente leurs salaires.
— Bon, Mr Schapira, je crois qu’on va s’arrêter là. L’institut vous remercie de votre patience […]
Il finit par une phrase de politesse et raccroche. Je vais me préparer un café. J’allume la télé pour le journal de 13h et comme chaque jour les sondages disent tout et son contraire parce qu’ils ne posent pas les bonnes questions et n’écoutent pas les réponses.
Au moins, ça ne sera pas grâce à moi.