En visite chez mon grand-père, je suis tombé sur un ouvrage de sa bibliothèque qui m’a bien fait rire : « Convenances et bonnes manières » de Berthe Bernage, édité en 1961 par Gautier-Languereau. Dans ce recueil sont décrits les usages et pratiques de la bonne société. Le ton employé est légèrement ampoulé et le contenu souvent conservateur, voire carrément sexiste.
La femme est au cœur de toutes les attentions. Dès l’entrevue avec le jeune homme que ses parents lui auront promis (sans forcément lui en parler), elle ne doit pas être choquée. On peut ainsi lire :
Avant une entrevue, on prévient les deux jeunes gens. Parfois, pour ménager la susceptibilité de la jeune fille, on prévient seulement le jeune homme.
S’en suit bien sûr le protocole de la requête. J’ai appris qu’il est de bon ton que ce soit le père du jeune homme qui demande la main de la jeune fille à son géniteur. Il est moins bien vu que le jeune homme vienne lui-même demander la main de la jeune fille, mais cela peut être toléré s’il vient accompagné de ses deux parents… Bien évidemment, il ne demande pas son avis à la jeune fille qui, si on comprend bien la citation de début de paragraphe, n’est peut-être même pas au courant.
À elle, ensuite, d’être la plus docile et la plus raffinée. Ainsi :
une femme peut être élégante sans parfum; elle ne le sera jamais avec un parfum de mauvaise qualité ou trop violent.
L’homme, quant-à-lui, devra apprendre à fumer avec classe (et à cacher ses cendres comme un ninja) :
Ne jetez pas votre cendre sur le parquet. À défaut de cendrier, vous trouverez bien une coupe ou un vase pour secouer discrètement votre cigarette.
Évidemment :
la femme très correcte s’abstient de fumer
Oui, on est loin de l’égalité homme-femme. Mais le meilleur exemple est encore la conduite à tenir dans les transports publics :
En théorie, l’homme disposant d’une place assise devrait l’offrir à toute femme se trouvant debout. En pratique, il peut être bien fatigué par sa journée de travail : ne le blâmez pas, ne réclamez pas.
Et s’il se lève malgré tout et qu’il s’engage dans un baisemain :
La femme lèvera la main bien haut, afin que l’homme n’ait pas à trop se courber, ce qui pourrait froisser sa prestance.
Vous apprendrez par exemple qu’on ne mélange pas les classes sociales lors d’un mariage ou du choix d’une école. Ainsi, deux jeunes mariés s’ils appartiennent à des milieux différents, devront s’assurer de leurs valeurs communes afin qu’il n’y ait pas de choc résultant d’éducation trop dissemblables.
Et pour les enfants :
on choisira un établissement fréquenté par des familles appartenant au même milieu que nous, c’est là que naissent les meilleures amitiés.
Ce serait presque drôle si certains de ces points n’étaient pas encore d’actualité ici et ailleurs dans le monde.