Titriser, c’est transformer un ensemble d’actifs en un ensemble de titres négociables. Si les banquiers peuvent le faire, pourquoi les blogueurs n’en profiteraient pas ?
Imaginez par exemple que vous avez mis à disposition d’un autre blogueur un espace publicitaire chez vous, en échange d’une créance (« Pour l’instant mon blog fait 0,3 % de tes visites mais dès que j’ai autant de visites que toi je te laisse un même espace sur mon blog »). Les risques associés à cette créance sont nombreux :
- Défaillance du débiteur : « En fait, mon blog n’a pas de visiteurs donc j’arrête et je me lance dans la fabrication de poupées vaudou en cachous pré-mâché. Désolé. »
- Risque sur le taux d’intérêt : « Ouais, je sais, ça fait 4 mois que tu me fais de la pub et tu voudrais que je t’en fasse pendant 4 mois à mon tour mais tu comprends, le prix de la pub a changé. Pour être équitable, je te ferais de la pub pendant 3 jours. »
- Risque de remboursement anticipé : « Je sais que ça fait que 2 jours mais on va arrêter là. Ça m’amène que des visiteurs bizarres cette pub chez toi ! »
- Risque de change : « Tu sais, moi j’ai un blog techno et toi un blog cuisine… la pub n’a pas vraiment le même impact, alors je ne vais pas laisser ta pub aussi longtemps chez moi et la mienne est restée chez toi… mais ça génèrera autant de flux, promis ! »
- … Submergé par tous ces risques, vous décidez alors de revendre cette « dette » à une régie publicitaire spécialisée pour 200 € pour récupérer votre espace publicitaire. La régie découpe les risques associés à ces 200 € de pub suivant deux axes : la nature (décrite ci-dessus) et le terme. En effet, le risque de fermeture de blog sera plus grand à court terme (« Pas assez de visiteurs, je ferme ») et à long terme (« J’en ai marre de bloguer, j’arrête »); le risque de remboursement anticipé sera au contraire faible à long terme…
La régie se charge ensuite de revendre ce découpage. Le morceau associé au risque de remboursement anticipé correspond pour elle à un risque court terme. Elle décide donc de proposer à un blog de placer une publicité dans ses pages pour un certain montant qui serait dans la moyenne des paiements au début, puis décroissant (compensant ainsi le risque associé). Le budget relatif au risque de fermeture du blog étant grand à court et long termes (mais pas à moyen terme), elle décide de le découper en deux campagnes, etc… Les clients, eux, se repère par rapport à un organisme qui va noter les publicités en fonction de la qualité du sous-jacent ( le blog). Au hasard, disons son classement Wikio.
Au final, la régie vient de :
-
Racheter un espace publicitaire sur un blog présentant un certain nombre de risques.
-
Découper ces risques suivant leur nature et leur terme.
-
Transformer ces risques en éléments négociables auprès de ses clients, à des périodes correspondant aux termes et pour des montants relatifs aux risques.
-
Valoriser auprès de ses clients ces risques découpés en assurant la qualité des campagnes sur la qualité du blog d’origine (via son classement Wikio). Ce qui lui permet de :
-
Ne pas isoler de fonds relatifs à la campagne rachetée
-
Transférer le risque vers ses clients
-
Mieux gérer son bilan
-
… Et voilà.
Remplacez « blog » par banque, « publicité » par créances ou stocks, « régie » par société financière (société, fonds…) et Wikio par une agence de notation… Vous êtes maintenant capable de comprendre la conversation sur les subprimes qui aura lieu à table pour les fêtes.