Vendredi dernier a eu lieu un grand pot de départ dans ma salle de marché.
Le mien.
C’est toujours un peu étrange. On passe du temps (beaucoup, parfois beaucoup trop) avec des gens et un jour, paf ! comme ça, on part. Il faut alors dire au revoir en sachant qu’on ne se reverra sûrement pas et dire aux gens ce qu’on aurait toujours voulu leur dire mais qu’on n’a pas osé. Certains, un peu hypocrites, feront un sourire, diront un mot gentil pour la forme et s’éclipseront. Chez d’autres, on sent un regret, un attachement et ça réchauffe le cœur.
Mes collègues, qu’il s’agisse des autres commandos, des traders, des sales, des assistants, des analystes et j’en oublie… sont venus me dire au revoir dans la bonne humeur. J’ai reçu de formidables cadeaux et de nombreux remerciements. Nous nous sommes rappelé ces 18 derniers mois, rythmés par les affaires ayant secoué la BFI et la Finance mondiale. J’ai évoqué avec certains des souvenirs inoubliables puis, peu à peu, les gens sont retournés à leurs occupations ou tout simplement rentrés chez eux.
La soirée se prolongeant, nous avons fini à trois. Un haut responsable de la salle nous a rejoint, pour discuter en prenant un verre. À plus de 21h, nous étions en train de nous faire expliquer la crise par quelqu’un que les traders appellent « Monsieur » et nous osions, sûrement aidés par le pouvoir désinhibant des bulles, poser des questions et contredire sa vision. Lorsqu’il nous a quittés en nous remerciant de lui avoir offert l’occasion de parler un peu, nous avons rangé et sommes montés au 35° étage, là où je n’avais jamais osé allé tout en sachant que j’en avais le droit. De là-haut, j’ai regardé les lumières de la ville habiller l’obscurité et après ce moment unique à cet endroit où je ne retournerai jamais, je suis parti.
Je sais que la prochaine fois que je viendrai dans cette tour, ce ne sera plus pareil, mais je ne suis pas déçu. J’ai appris de nombreuses choses ces derniers mois et je suis pleinement décidé à m’en resservir ailleurs. Il est temps pour moi de voir d’autres organisations, de travailler sur d’autres technologies, dans d’autres environnements.
Au revoir, SGCIB !