Je ne suis pas un fervent défenseur de la firme californienne mais là, je dois avouer qu’ils ont fait l’une des meilleures opérations d’acquisition qui soit. Explications.
Quitte à défrayer la chronique, Google mène actuellement la plus grande campagne de numérisation d’ouvrages ayant jamais eu lieu. Pour cela, Google utilise des algorithmes qui partent des pages scannées des ouvrages, reconnaissent les caractères des mots et déterminent ainsi le contenu des documents. Ces applications, appelées OCR, permettent donc de passer d’une image (la page scannée) à un document numérique. Mais ces OCR ont un défaut : les ordinateurs ne sont plus capables de reconnaitre les mots quand les pages sont trop abîmées. Dommage, car un humain, lui, saurait.
Et voilà l’idée géniale de Google : racheter ReCaptcha. Qu’est qu’un CAPTCHA ? Il s’agit d’un test sommaire permettant de déterminer que l’on a bien affaire à une être humain très utilisé sur le Net (le test, pas l’umain, hein). On affiche une série de lettres et de chiffres, parfois des mots complets sous forme d’image que l’on a au préalable dégradée (lettres troubles, alignement défectueux, bruit…), et on demande aux utilisateurs de retrouver les caractères d’origine.
En remplaçant une partie du Captcha par une portion d’une image scannée qu’un OCR n’arrive pas reconnaitre, Google fait d’une pierre deux coups. Il offre aux utilisateurs un Captcha efficace (les propres algorithmes de Google sont incapables de résoudre le problème) tout en les faisant travailler au grand projet de numérisation (en reconnaissant à l’œil ce que les ordinateurs sont incapables de lire). Car dans un ReCaptcha, l’image à reconnaitre est composée de deux parties. Seule une des deux parties sera issue d’un échec OCR. L’autre servira effectivement à la validation CAPTCHA. La question est alors : comment vérifier que l’utilisateur donne la bonne réponse, c’est-à-dire écrive bien en caractères numériques le mot représenté sur l’image ? Je pense que cela repose sur 4 facteurs :
- La confiance : l’utilisateur n’a aucun intérêt à donner la mauvais translation de l’image ou à se regrouper avec d’autres utilisateurs pour nuire au système.
- L’inconnu : l’utilisateur n’a aucun moyen de déterminer quelle partie du Capcha sert au test, et quelle partie est issue d’un échec OCR.
- La compétence: si l’utilisateur a trouvé le Captcha de TEST malgré les déformations, il y a fort à parier qu’il trouvera déterminera le mot sur lequel a buté l’OCR.
- Le nombre : en proposant la même image à plusieurs utilisateurs, on peut comparer leurs réponses. Si elles sont identiques, le processus est confirmé.
Voilà un superbe exemple de proposition où tout le monde est gagnant. Vous en connaissez d’autres ?