Heavy Rain est une exclusivité PS3 réalisée par Quantic Dream, studio à l’origine de Fahrenheit et The Nomad Soul, deux excellents jeux ayant reçu à leur sortie de bonnes critiques sans rencontrer leur public. Heavy Rain ne dérogera pas à la règles. Certains adoreront, d’autres détesteront. Car Heavy Rain n’est pas vraiment un jeu vidéo mais une nouvelle implémentation du concept de loisir interactif.
Scénario
Lorsqu’un tueur en série s’en prend aux enfants d’une petite ville tranquille, quatre personnes se retrouvent plongées dans une enquête destinée à sauver la dernière proie du meurtrier, le jeune Shaun. Tandis que le père de l’enfant cherche à le sauver tout en portant un fardeau trop lourd pour lui, une journaliste, un agent du FBI, un détective privé et la mère d’une des précédentes victimes tentent eux-aussi de retrouver le coupable avant qu’il ne soit trop tard. À partir de cette trame se construit une histoire « élastique » qui, si elle terminera toujours à l’échéance imposée par le tueur, se déroulera différemment pour chaque joueur, avec une conclusion déterminée par les décisions prises en cours de jeu. Dans Heavy Rain, il n’y a pas de Game Over. Le joueur appuie ou non sur le bon bouton au bon moment et cela influence l’histoire dans un sens plutôt que dans un autre. Cette profusion de choix a pour conséquence de placer le joueur dans des situations critiques où ses propres émotions se mêlent à celles des personnages.
Capture et « Jeu » des personnages
Les personnages de Heavy Rain ne sont pas des modèles 3D complètement imaginés par des professionnels mais bien de vrais acteurs modélisés et transformés en personnages virtuels. Si la technique pourrait sembler intéressante à première vue, elle montre ses limites durant les déplacements des personnages, légèrement saccadés lorsqu’il s’agit de dévier d’une direction donnée. En revanche, l’ensemble des gestes effectués pour saisir un objet ou parlé est tout bonnement bluffant de réalisme. Et cela n’est rien en comparaison des visages qui sont de vraies œuvres d’art. Les écrans de chargement séparant chaque chapitres sont d’ailleurs des moments précieux, puisque les développeurs offrent alors aux joueurs l’occasion de regarder ces visages de près et d’apprécier leur réalisme.
Réalisation & Photographie
Ces deux termes, qu’on ne retrouve pas dans tous les jeux, s’appliquent parfaitement à Heavy Rain. Comme le titre du jeu l’indique, l’ensemble de l’action se déroule dans un environnement sans cesse écrasé par une pluie battante qui ternit non seulement les lieux mais aussi les vies. Chaque personnage, incarné par le joueur ou secondaire, se retrouve confronté à ses angoisses et aux aspects les plus glauques de sa vie. Cet aspect angoissant du scénario se retrouve très bien dans la photographie du jeu, terne et ruisselante. Alternant entre scènes figées et split-screen lors des moments critiques, la réalisation audacieuse n’a rien à envier au monde du cinéma.
Interactivité
Jouer à Heavy Rain, c’est accepter de sacrifier une partie de sa vie de joueur. Si la récompense est au rendez-vous, il n’en reste pas moins que le jeu est assez frustrant. Les personnages, si réalistes dans les cinématiques utilisant le moteur du jeu, sont de vrais boulets lorsqu’il s’agit de contourner un canapé pour attraper un paquet de chips. Mais les premières minutes sont les plus douloureuses et le manque d’interactivité, qui donne parfois l’impression d’être revenu à l’époque de Dragon’s Lair, cède vite la place au sentiment profond d’être un acteur de l’intrigue et d’être le seul à pouvoir choisir son déroulement. Mais rassurez-vous, une fois fini, il est possible de recommencer à n’importe quel chapitre pour déterminer les conséquences de choix différents.