We know that happiness is mainly being satisfied with people that we like, spending time with people that we like. There are other pleasures, but this is dominant.
« The riddle of experience vs. memory », Daniel Kahneman ", TED
Ma présence sur le Web est un paradoxe pour certains de mes proches. Perpétuellement connecté, ils s’étonnent de ne pas recevoir plus de nouvelles de ma part…
Je ne pense pas que mon cas soit isolé, mais il est parfois difficile de mettre les mots sur ce que l’on ressent. J’essaie d’écrire cette article depuis plusieurs semaines sans en être totalement satisfait. Peu importe, autant le publier comme cela : s’il génère une discussion, peut-être que d’autres arriveront à dire les choses mieux que moi.
Internet n’est plus un outil pour moi. Il tient une place dans mon identité. Je m’en passe parfois pour vivre d’autres expériences (voyages, événements importants…) mais il fait partie de mon quotidien. Donnez moi une journée « normale » sans Internet et vous aurez affaire à une version un peu plus « tendue » de moi-même.
Mais Internet n’est pas qu’un outil consultatif, c’est également une magnifique, peut-être la plus incroyable, plate-forme sociale de tous les temps. Et j’y ai un réseau de contacts avec lesquels j’entretiens des relations via divers outils. Ces relations sont particulières. Elles s’organisent dans une chronologie affective et professionnelle basée sur une temporalité particulière (profondément asynchrone) et le dialogue. Elles s’expriment dans les réseaux sociaux, sur des messageries instantanées. Elles définissent une communauté virtuelle de proches avec qui je vis au quotidien, mais qui ne me connaissent pas, ou peu. Nous co-vivons, affranchis des limites du temps et de l’espace, mais nous ne vivons pas « ensemble ». Les relations tissées par ces media ne sont pas factices, mais elles ne sont pas profondes pour autant. J’éprouve de l’empathie pour les personnes que j’y croise, je les apprécie, nous avons des « moments » intéressants, enrichissants, parfois animés, qui font occasionnellement naître des questionnements profonds… mais je ne confonds pas cela avec de l’amitié.
D’autre part se trouvent mes amis, mes « proches ». Le terme est imparfait car évoquant la distance, alors que certains de mes proches ne le sont, géographiquement, pas du tout. Je fais mon possible pour qu’ils sachent, quand je les vois, que je tiens à eux. Mais je n’éprouve pas le besoin d’être connecté à eux. Ni dans le temps, ni dans l’espace. Il peut se passer plusieurs mois sans que nous ayons des nouvelles les uns des autres, sans que cela ne gêne nos relations futures. Pour autant, si nous avons la chance de pouvoir nous rencontrer physiquement, le temps ne s’écoule plus et si les contraintes de la vie ne me rappelait pas à une certaine temporalité, nos discussions pourraient nous prendre des journées entières. Ma relation à eux me semble vraie, sincère, même si elle n’est parfois qu’épisodique. Elle préfère le face-à-face aux outils virtuels et regrette, d’une certaine façons, qu’Internet et plus particulièrement Facebook prenne peu à peu la place des discussions autour d’un café.