Sud Web fait partie de ces événements qu’il est difficile de ranger dans l’appellation « conférences ». Cette édition 2014 assumait parfaitement cet héritage avec des interventions dont l’objectif était moins de transmettre du savoir que d’inspirer des conversations et de susciter des vocations. Je ne déroge pas à la règle : cette année encore, Sud Web a parlé ma langue, ma Culture, Sud Web a interrogé mes valeurs et m’a renvoyé une image de moi au sein de la Communauté du Web. Explications au travers de quelques moments forts de ces deux jours.
Valeurs
Kevin est venu nous parler de la façon dont les valeurs fondamentales de Spotify définissent son organisation et sa gestion des ressources humaines. C’est un sujet qui me tient à cœur : depuis plusieurs années, j’essaie de comprendre ce qui fait que j’aime travailler pour mon employeur et j’ai le sentiment qu’un certain nombre de valeurs fondamentales, non explicitées mais qui mériteraient peut-être de l’être, en sont la cause. Ce sont ces valeurs, dont je sais que je les partage avec mes collègues de manière implicite, qui alimentent à la fois notre ambiance de travail, le jeu de contraintes dans lequel nous exprimons notre créativité et notre épanouissement technique. Kevin, as you can see, I’m french but I’m not tired of being happy.
Fraîcheur
Cécile m’a profondément touché, car son approche du medium est à la fois rare et géniale. Auteure de « Elise, une histoire responsive », elle est venue nous parler de sa vision de « bébé » du Web et de comment elle avait voulu s’en servir pour raconter une histoire à plusieurs dimensions. Poétique et bien réalisé, son projet rejoint également des problématiques que je rencontre de plus en plus avec mes clients dans le cadre de la Direction Artistique de projets à forte composante narrative, comme les WebDoc ou Formats Longs (plusieurs dénominations qui recouvrent un périmètre parfois flou, un vrai sujet de débat si vous avez du temps à passer dans les commentaires).
Richesse
Rémi a animé la conférence qui m’a le plus ému, car elle me parlait de moi. Elle me parlait de mon enfance du Web, de la façon dont, à l’époque, nous pouvions être les rois du monde avec deux pages HTML blindées de <table> mais qui servaient leur objectif d’échange de l’information. Le monde a grandit aussi vite que nous, et nous jouons probablement beaucoup moins à la Game Boy qu’avant, mais il reste une vérité : celle de s’accrocher à la simplicité de notre medium, sans en écarter la richesse. Cela nous permet, sur des bases qui sont pourtant communes et standardisées, d’être régulièrement en désaccord sur les directions à prendre, les bonnes pratiques et les implémentations (y compris dans les commentaires de son propre blog et il adore ça). C’est une richesse qu’il nous faut entretenir.
Echanges
Kaelig animait une conférence qui parlait d’un langage en vigueur au Guardian. Mais pas, comme nous aurions pu le penser, d’un langage de développement. Non, Kaelig nous parlait d’un langage commun entre métiers différents (développeurs, designers…), pour fluidifier les échanges et revenir à l’essentiel : produire un contenu ensemble plutôt que les uns à côté des autres, isolés par les barrières de nos langues respectives. SASS était au cœur du sujet mais il n’était que l’outil permettant d’exprimer ce langage commun. Une vraie leçon de management de projets technologiques et une réponse plutôt probante au problème de l’aubergine !
Créativité
Eva-Lotta, avec tout le tonus qui la caractérise, a réveillé l’ensemble de l’assemblée en nous invitant à faire quelque chose de très rare lors d’une conférence magistrale : dessiner. À force de petits points, de nuages, de traits et de formes, Eva nous a permis de nous rendre compte que réaliser des croquis est à la fois simple et puissant, qu’il existe des méthodes pour réveiller notre créativité et que nous pouvons tous surmonter la peur que nous avons de prendre un crayon. Eva doit être contente : nous sommes nombreux à avoir fait des petits dessins pendant deux jours. Peut-être se cache parmi nous le prochain Romain Couturier (Romain dessinait des représentations graphiques des conférences en live. Une performance très synthétique d’une difficulté qui va bien sûr au-delà du simple croquis).
Humilité
J’ai le sentiment d’avoir un peu participé à Sud Web. Moins par ma prestation, relativement courte, que par mes interventions (beaucoup moins sous contrôle) et les nombreux échanges que j’ai pu avoir avec les personnes présentes. Mais j’ai surtout été submergé par ce que j’ai vu autour de moi. Il y avait de belles idées, porteuses de valeurs éthiques fortes ou de potentiels importants (notamment, est-ce un hasard ou un signe des temps, concernant la visualisation de données). Mais il y avait aussi, et surtout, de belles personnes capables de s’investir dans des réalisations qui apportent à l’ensemble de la communauté du Web qu’il s’agisse de projets techniques, managériaux, de pédagogie, de partage de valeurs, de savoir-faire ou d’expérience (si tu te reconnais là-dedans, oui, c’est bien toi dont je parle). La prochaine édition de Sud Web aura lieu à Montpellier. Ce sera plus compliqué pour moi, mais j’espère pouvoir y être. See you soon, guys.