Our ordinary conceptual system, in terms of which we both think and act, is fundamentally metaphorical in nature.
George Lakoff, Metaphors We Live By
Est-ce que notre monde est profondément influencé par la façon dont nous le représentons par le langage ou est-ce le langage que nous construisons pour adapter le monde à notre perception… difficile de le dire. Ce qui est sûr, c’est que la façon dont nous disons les choses explique bien des choses sur la façon dont nous les percevons ou souhaitons qu’elles évoluent.
Un exemple tout bête : « le dialogue social » et les « partenaires sociaux ». Notez comme sont mis en avant l’échange, la collaboration, la participation à un objectif commun… on pourrait presque y croire si nous n’avions pas sous les yeux un quotidien plus proche de la lutte des classes, avec un véritable vocabulaire guerrier (avec des Unes de Presse comme « Les syndicats ont gagné face au patronat », « Le MEDEF se prépare à l’affrontement », « Un coup dûr pour le MEDEF », « Les syndicats font front contre les patrons »)… C’est désespérant. Le simple fait de se plaindre de la situation me vaudra, j’en suis sûr, des remontrances des uns et des autres…
Et en même temps, j’entendais il y a quelques temps une chroniqueuse expliquer sur Europe, dans une de ces émissions que seuls les parents écoutent :
Quand les enfants quittent le monde des vacances, parfois passées avec les grands parents, pour rejoindre le chemin de l’Ecole, il est important que les parents fassent attention à ce qu’ils disent.
Il est possible que vos enfants n’aient pas fait que des choses que vous auriez valider et que vous n’approuviez pas les actions de vos parents et beaux-parents mais il ne faut jamais le dire devant l’enfant car lui de retiendra qu’une chose : qu’un enfant peut, s’il le souhaite, contredire les actions et les décisions de ses parents.
Il appliquera à son propre cas ce que vous appliquez au vôtre. Si c’est une réaction normale et souhaitable chez un adolescent, elle doit être évitée chez les plus jeunes, qui ont besoin de repères.
La Société est parfois une enfant qui a besoin de repères. Elle a besoin de confiance, elle a besoin de regarder au-dessus d’elle, et de voir des gens l’inspirer. Pas étonnant que nous n’arrivions pas à établir un dialogue social quand, à la Direction du pays, nous avons des gens qui dénigrent leur poste et leur patron, contredisent sa ligne de direction, lavent leur linge sale en public, trichent face à leur responsabilités citoyennes. Je parle bien sûr de notre représentation politique.
Pas étonnant que nous n’ayons pas de dialogue social quand l’alternative est constituée à moitié d’épouvantails et à moitié de gens qui, dans l’opposition ou non, discutent non pas les idées, mais les faits et les personnes, constituant leur pouvoir de nuisance sur l’incapacité commune à établir un consensus sur quoi que ce soit.
Nous n’avons pas de dialogue politique, nous avons une guerre de pouvoir où chacun des acteurs, essaie de grappiller sa part et de la garder le plus longtemps possible, quitte à recourir à des stratèges électoraux clientélistes.
On n’est pas sortis de l’auberge.