L’explication la plus plausible est la plus simple : ces élus n’ont jamais connu la vie réelle. Entrés tôt dans le tunnel, ils n’en sont jamais ressortis.
« Le tunnel, ou comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie », Michelle Delaunay
Je connais mal Michelle Delaunay, ses convictions, son parcours. Mais je trouve cette publication très intéressante même si elle limitée à un seul « monde ». En effet, les politiques ne sont pas les seuls à souffrir de cet effet de tunnel. Les raisons en sont multiples et la première d’entre elle est probablement la validation excessive de nos métiers par des diplômes et des cursus, qui nous enferment bien souvent dans des carrières où nous vivons entourés de nos pairs. Think outside the box ? Difficile quand la Société ne vous laisse pas sortir de la boite.
Une partie de mon métier consiste à aider de nombreuses entreprises à sortir de leurs propres tunnels : les accompagner dans l’élaboration d’une vision concernant leurs dispositifs Web, les conseiller sur les meilleurs outils concernant leurs besoins. Ce n’est pas plus simple pour moi que pour eux, j’ai mes propres tunnels de pensée et je me bats contre eux tous les jours parce que j’ai la chance que le Web soit un monde ouvert dans lequel les qualités autodidactes peuvent encore s’exprimer, le dialogue s’organiser facilement et les remises en question, incessantes.
Mais comment infuser cette culture spécifique du numérique à une autre branche de la Société, ou à l’ensemble de la Société ? Je n’ai pas la réponse. J’entends parler un peu partout de VIème République, plus démocratique, mais en discutant autour de moi, je me rends compte que personne n’est vraiment prêt à l’organiser, si ce n’est les gens qui sont eux-mêmes déjà dans ce tunnel, et qui donc présentent un risque d’organiser une distribution des responsabilités proche de l’actuelle.
Pourtant, des outils existent, comme ce site qui promeut l’innovation et la simplification du Service Public. Mais comment est-il gérer, quel est son impact, pourquoi n’est-il pas utilisé pour récolter, par exemple, l’avis de la population pour permettre à la France de devenir davantage une démocratie directe qu’une démocratie représentative qui lègue ses prises de décisions à des élus présélectionnés par le système politique avant d’être présentés devant les urnes ?
Il faudrait une véritable volonté politique, un acteur qui soit prêt à scier la branche du pouvoir sur laquelle il est assis pour enfin reconnaître qu’il n’a pas les solutions, que personne autour de lui ne les a et que finalement, c’est à tout le monde de se bouger pour les trouver… François Hollande pourrait être cet élu. Il n’a médiatiquement plus rien à perdre.
A moins qu’il ne laisse ce cadeau empoisonné à son successeur.