Gender equality is your issue too
Emma Watson, Discours aux Nations Unies (traduction française)
Chaque jour, j’essaie d’expliquer à mes garçons comment devenir des hommes, ce qui n’est pas évident, car je n’ai pas vraiment de définition moi-même. Alors je leur apprends surtout à devenir des chouettes êtres humains et à explorer leurs possibilités à eux, sans se soucier de l’extérieur.
Ils ont des caractères bien différents : mon aîné est aujourd’hui le plus introverti et indépendant, celui qui exprime le moins ses sentiments et réalise les choses pour lui-même. Je lui apprends à prendre le temps de formuler ce qu’il ressent et s’il n’y arrive pas et s’énerve, je lui propose des câlins pour qu’il sente qu’il n’est pas seul.
Mon second est plus extraverti : du genre à se lever brutalement pendant un jeu pour venir faire un bisou parce que bon, ça fait longtemps. Il est moins indépendant et agit souvent pour nous faire plaisir. Je le mets régulièrement au défi face à de nouvelles choses et prends le temps de le féliciter en cas de succès comme d’échec : l’important est qu’il continue à essayer.
Dans leurs jeux, ils s’imaginent tantôt en policiers, en pompiers, en ninjas, tantôt au foyer, à faire la cuisine, passer le balai ou l’aspirateur, faire le repassage… Quand ils sont malicieux, ils me volent mon blaireau de rasage et s’amusent à le passer sur leurs joues. C’est doux et ils ont l’impression de faire comme leur père. D’autres fois, ils volent les chaussures à talons de leur mère dans le dressing et s’amusent à marcher sur ces échasses.
Quand nous jouons ensemble, ils profitent de ma force pour les activités les plus physiques mais vont souvent vers leur maman pour faire de la pâtisserie. Je leur explique alors que Maman fait de la pâtisserie parce qu’elle adore ça, pas parce qu’elle est Maman ; que Papa les jette en l’air parce qu’il est assez fort et que Maman le ferait aussi si elle pouvait ; qu’il faut faire attention avant de faire les fous avec Papa ou Maman, parce qu’il faut d’abord obtenir une forme de consentement. C’est aussi valable entre eux : souvent, je les laisse se jouer, n’intervenant que si la situation dégénère mais parfois, je ressens le besoin de l’un d’eux de s’isoler alors j’interviens pour expliquer à l’autre que chacun a besoin, parfois, d’un moment et d’un espace pour lui.
Ils sont encore très jeunes, trop jeunes pour comprendre beaucoup de choses relatives aux discriminations qui sont faites aux femmes et aux hommes. La seule femme de la maison est leur mère, ce qui leur donne un jeu de référence bien particulier. Je pense que mon rôle, en tant que père, est de leur parler des autres, hommes comme femmes, qu’ils croiseront dans leur vie. Comment les respecter, comment réagir face à eux et avec eux. La première étape pour tout ça, c’est de leur apprendre comment agir à la maison.
J’espère qu’ils grandiront en comprenant que tout le monde peut être fort et se sentir vulnérable, que tout le monde peut être intelligent ou avoir des doutes, que tout le monde peut être sensible et pleurer, que personne n’a besoin que la société lui dicte qui il doit être et à quoi il doit ressembler et qu’ils ont le droit de souffrir de tout ça et de le refuser et de venir me voir pour en parler.
Est-ce que je suis tolérant ? Non. Je suis aussi intransigeant que la plupart des gens, sur plein de choses, et je suis très souvent condescendant, même. Est-ce que je suis féministe ? Probablement.
Et je ferai chaque jour les efforts qu’il faut pour que mes fils grandissent avec ces valeurs.