Je suis profondémment convaincu que le numérique est une des clés de la croissance française et mondiale. Nous avons la chance d’avoir une infrastructure formidable, un bon niveau de formation et un taux d’équipement à la hauteur. Rien ne s’oppose donc, en théorie, à une transition numérique des entreprises et des pratiques.
Rien, sauf une culture du numérique globalement défaillante au sein de la population. Cela se traduit par une vision complètement paradoxale du numérique. D’un côté, j’ai l’impression d’une très grande immaturité des personnes et des organisations : divulgation d’informations personnelles sur les réseaux sociaux ; entreprises qui se jettent à corps perdu sur Facebook sans savoir ce qu’elles y font ; nouvelle bulle French Tech qui finance des start-ups aux propositions de valeur nulles. De l’autre coté du miroir se manifestent les craintes les plus fortes, soulevées soit par un profond obscurantisme, soit par une volonté de contrôle désormais illusoire : manipulations politiques, mise sous surveillance généralisée du Web, résistance à l’innovation économique quand elle est destructrice de rentes ou de monopoles.
J’ai le sentiment que mon devoir de citoyen, c’est de ne pas s’arrêter à ce constat. C’est une des raisons pour lesquelles je m’emploie chaque jour à aider mes clients à franchir le cap de la transition numérique mais ça ne suffit pas. Il faudrait aussi enrichir la culture des individus et c’est quelque chose de très difficile à faire sur le court terme. Alors je me suis dit que j’allais voir loin, en pensant d’abord aux plus jeunes.
Je me suis déjà prononcé sur l’apprentissage du code informatique, que je pense inutile pour le plus grand nombre (au mieux, il sera utilisé comme un signal, à l’image de ce qui se fait dans de nombreux établissements pour l’Allemand en première langue ou les langues mortes, ce qui n’est pas forcément très intéressant au regard de mon objectif).
J’ai donc décidé de réfléchir plutôt à une approche plus légère et ouverte à la transdisciplinarité. Je propose donc, depuis plusieurs mois, des activités à l’école de mes enfants et dans mon ancien lycée pour sensibiliser les étudiants à l’informatique et au numérique. Les approches sont différentes suivant les âges :
- initiation à l’algorithmique chez les plus jeunes, par le biais de jeux et d’activités ;
- sensibilisation aux risques et opportunités à partir de 13-14 ans.
Les sujets abordés dépendent, quant-à-eux, des cursus dans lesquels ces interventions peuvent s’inscrire (encore une fois, l’idée n’est pas de créer un nouvel enseignement, mais de donner une couleur numérique à l’existant). Ci-dessous, quelques exemples.
Education Civique
- Informatique et libertés : un sujet qui aborde les notions de citoyenneté, vie en collectivité, égalité et justice abordés en 4e
- Internet comme un medium : rappel du rôle des médias et de la protection assurée par leur pluralité. Notion de doute sur les informations trouvées et technique de recoupement.
- Données personnelles : modélisation et traitement, ce qu’il est possible de savoir sur vous sans le savoir…
- Harcèlement : en ligne aussi, vous en êtes peut-être victime… ou bourreau. Que faire ?
- Démocratie : de la démocratie représentative à la démocratie participative
Philosophie
Suivant les séries et les sujets, de nombreux sujets abordables sur le Travail (hyper-connexion, accomplissement), l’Art, la Société et les échanges, Libertés et Devoir, la Morale, l’Identité…
Histoire-Géographie
- La Démocratie sous toute ses formes
- Révolution industrielle, révolution numérique : impacts sur l’évolution du marché de l’emploi et sur la (dé)centralisation
Technologie
- Appareils mobiles, géolocalisation et techniques de ciblages
- Modélisation des visiteurs d’un site et Teen Marketing
- Fonctionnement des SPAM et des arnaques
Mathématiques et données
- Calcul littéral, factorisation/développement : travail pratique (exemple avec Scratch)
- Usage des statistiques dans un exemple de calcul dédié à la publicité en ligne
Français
L’e-mail est-il une nouvelle forme de communication épistolaire ou s’inscrit-il dans l’immédiateté d’une conversation ?
L’idée de ces interventions est d’offrir aux plus jeunes une culture numérique qui leur permette, non pas de devenir développeurs, mais plutôt de comprendre les enjeux de leurs choix quotidiens sur Internet. Les sujets abordés sont à la carte, et j’essaie d’investir les responsables d’établissement et les professeurs mais pour l’instant, j’ai assez peu de retour, même en proposant d’offrir gratuitement mes services.
J’espère que cela va changer bientôt (si vous voulez aider : dialoguez avec les professeurs ou chefs d’établissement des établissement que vos enfants fréquentent). Il est urgent qu’une majorité de la population saisisse les opportunités et les risques du numérique pour arrêter de prendre des décisions basées sur des perceptions magiques.
Si vous voyez d’autres sujet à aborder, n’hésitez pas à les suggérer. De mon côté, si je prépare des supports sur le sujet, je m’engage à les mettre à disposition bien sûr !