Les Français ont massivement dénoncé sous l’Occupation. Loin d’être cachée, loin d’être un acte individuel honteux, la délation est un acte social, un devoir. Si tout le monde est concerné, ennemis de l’État, communistes, résistants, gaullistes…la dénonciation antisémite reste sans aucun doute la plus redoutable. Elle représente 15 % des actes de dénonciation mais chaque lettre, chaque information est immédiatement vérifiée et le dénoncé traqué.
Fiche descriptive du documentaire « Dénoncer sous l’occupation », France Télévision
J’ai vu ce documentaire il y a peu, sur la recommandation d’un ami : j’ai été choqué par la chronologie des événements, finalement assez lente et que je connaissais très mal. Elle montre à quel point nous sommes prêts à utiliser les ressources à notre disposition pour faire du mal à notre voisin, dans la lutte contre un ennemi externe ou imaginaire. Au moment où j’ai commencé à me dire que la roue avait tourné, que la Libération avait balayé tout ça, je suis tombé des nues en revivant la délation des collabos, avec les mêmes lâches qui ont juste retourné de camp…
Aujourd’hui, sous le poids de l’Histoire, nous n’arrivons plus à mobiliser les citoyens pour qu’ils témoignent de violences sur des conjoints ou des enfants, qu’ils exposent des abus fiscaux ou des malversations d’affaires. En revanche, nous n’avons, semble-t’il, aucun problème à assister aux centaines de perquisitions chez nos compatriotes (j’insiste, ils sont nés français comme nous) musulmans (et parfois pas, il suffit qu’ils parlent arabe ou qu’ils se laissent pousser la barbe - voire qu’ils la coupent).
L’avenir est un long passé.