Hier avaient lieu des manifestations partout en France pour appeler à l’arrêt de l’État d’Urgence. Parallèlement, un sondage explique que 79 % des franças seraient favorables à sa prolongation. La réponse est surprenante parce que la question est mal posée.
Soyons honnêtes : 100 % des français sont favorables à être protégés. Je pense qu’il y en a juste 25 % qui savent que ça peut se faire sans supprimer les libertés et 75 % qui l’ignorent et qui comprennent qu’on leur demande s’ils se sentiraient en sécurité sans protection…
Ce sondage ne mesure pas les soutiens à l’État d’Urgence mais le niveau de menace ressenti par les Français. Dans un contexte où nos politiques alimentent régulièrement la paranoïa en refusant de communiquer clairement sur la réalité de la menace, nous sommes impuissants, obligés de faire confiance, pour notre sécurité, aux mêmes personnes qui nous privent de nos libertés.
Or l’État d’Urgence est indépendant d’un niveau de sécurité. Il s’agit d’une période, censée durer 12 jours, qui donne à l’État des moyens supplémentaires pour lutter contre une situation exceptionelle, comme notamment une mise en parenthèse des droits de l’Homme.
Nous y sommes depuis 78 jours1, l’État a mené 3000 perquisitions pour aboutir à 4 enquêtes liées au terrorisme et une seul mise en examen. Manuel Valls parle de prolonger l’État d’Urgence pour 30 ans, autant dire pour toujours.
3000 perquisitions.
4 enquêtes anti-terroristes.
1 mise en examen.
Plusieurs milliers de personnes violées dans leur intimité, des dizaines de personnes enfermées chez elles pour avoir pris des photos avec leur téléphone portable ou avoir des opinions différentes, privées de travail, d’étude, de vie familiale , ne pouvant se rendre à leur propre procès sans enfreindre cette assignation… pour une seule mise en examen ?
Comprenez-moi bien : je ne dis pas que tous les gens concernés étaient blancs comme neige (c’est le principal argument qu’on m’a opposé). Je dis juste que ce n’est pas à moi ou à la Police d’en décider et que la Justice doit faire son travail indépendamment de l’exécutif. Mélangez les pouvoirs, et vous obtenez les fondements d’une dictature et une Police radicalisée qui me fait peur. Inscrivez tout cela dans la Constitution et vous offrez au prochain gouvernement radical des moyens qu’il n’aurait pas eu sinon.
Je reste persuadé que si tous les sondés savaient ça, le résultat ne serait pas du tout le même.