On entend régulièrement de vigoureux porte-étendards de la laïcité défendre des positions qui, soyons honnêtes deux minutes, ne gênent que les musulmans. Sous prétexte qu’ils défendent la laïcité, on ne pourrait pas les traiter d’islamophobes. Sous prétexte que la France a soif de laïcité, on pourrait tout dire…
Pourtant, la laïcité, c’est l’égalité devant la loi de l’ensemble des religions, non ?
Parce que curieusement, je ne connais personne qui se soit réveillé, un matin, en se disant qu’il faudrait fermer les 8000 établissements scolaires chrétiens, ou au moins rompre leur contrat avec l’État. En revanche, si on parle de créer une structure coranique, les projecteurs seront allumés jusqu’à découvrir une faute (ce qui explique pourquoi il n’y a pas plus d’une centaine d’établissement privés musulmans en France, alors que si on respectait le même ratio entre pratiquants et établissements, on devrait avoisiner les 750).
Je n’ai vu aucun député exiger que les nonnes ne circulent pas voilée dans les gares. Par contre, si vous êtes une femme musulmane voilée et que vous croisez Mme Morano, vous avez une chance non-nulle de finir au poste…
Dans les sympathisants de la Manif’ pour Tous, si prompts à ne pas reconnaître le genre comme composante de l’identité, je n’ai vu personne demander à ce que les prêtres arrêtent de porter la robe (bon, j’avoue, c’est un peu gratuit : jamais aucun d’entre eux ne s’est revendiqué laïc). En revanche, la djellaba est une solution fiable à 100 % pour tout amateur de palpation…
Vous avez compris l’idée ou je continue ?
Je ne pense pas que, nous, français, ayons particulièrement soif de laïcité. Je pense que nous sommes islamophobes, principalement parce que nous percevons l’Islam comme une menace parce que :
- l’Islam ne fait pas partie du terreau culturel et historique de la France ;
- nous avons peur d’énormément de choses et que la réponse naturelle à toute peur qu’on n’explique pas, c’est de rejeter la faute sur l’autre, sur ce qui est différent ;
- les différentes vagues d’immigration du Magreb nous ont donné l’illusion que l’Islam se reconnaissait au faciès et beaucoup d’entre nous se sentent envahis parce qu’ils n’acceptent pas que la France change et se métisse.
La laïcité n’est souvent qu’une excuse pour transformer cette peur en actions de résistance à cet envahisseur imaginaire. Nos plus grands philosophes avouent ne pas s’être senti français tant qu’ils n’avaient pas senti les valeurs mises en danger par l’Islam1. Une définition par opposition : « je suis français parce que je m’oppose aux musulmans ».
Alors le prochain que je vois brandir la laïcité pour mieux dégommer du musulman (uniquement parce qu’il le considère comme tel), je lui fais bouffer sa Marianne.
Ajout du 08/12/2015 (merci à @edasfr) :
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et pas devant n’importe quel public : à la Sorbone. ↩