Extraits de « Réflexions sur la question juive », de Sartre, publié en 1946, où j’ai remplacé « juif » par « musulman » et « antisémitisme » par « islamophobie »…
C’est donc l’idée qu’on se fait du musulman qui semble déterminer l’histoire, non la « donnée historique » qui fait naître l’idée.
Un homme qui trouve naturel de dénoncer des hommes ne peut avoir notre conception de l’humain.
On peut déceler chez le démocrate le plus libéral, une nuance d’islamophobie; Il est hostile au musulman dans la mesure où le musulman s’avise de se penser comme musulman.
L’islamophobe reproche au musulman d’être musulman; le démocrate lui reprocherait volontiers de se considérer comme musulman.
Le musulman est un homme que les autres hommes tiennent pour musulman: voilà la vérité simple d’ou il faut partir.
Ainsi, le musulman est en situation de musulman parce qu’il vit au sein d’une collectivité qui le tient pour musulman.
Vigoureusement attaqué, faiblement défendu, le musulman se sent en danger dans une société dont l’islamophobie est la tentation perpétuelle
Les musulmans qui nous entourent n’ont plus avec leur religion qu’un rapport de cérémonie et de politesse. Je demandais à l’un d’eux pourquoi il avait fait circoncire son fils. Il me répondit: « Parce que ça faisait plaisir à ma mère et puis c’est plus propre ».
La dernière phrase du livre, ainsi modifiée, me semble critique :
Pas un Français ne sera libre tant que les musulmans ne jouiront pas de la plénitude de leurs droits. Pas un Français ne sera en sécurité tant qu’un musulman, en France et dans le monde entier , pourra craindre pour sa vie.
Et vous pouvez remplacer « musulman » par tout autre minorité qui à un moment dans l’histoire, se trouve pointée du doigt ou placée en situation d’infériorité. Être humaniste, c’est voir l’être humain avant de voir quoi que ce soit d’autre.