[…] chacune de ces mesures réduit insensiblement l’espacement des barreaux, les petits espaces de liberté où nous nous échappions, où nous prenions une gorgée d’air.
« L’espace entre les barreaux », chez Clochix
Je me pose de plus en plus de questions sur moi-même. Comme Clochix, je n’ai pas manifesté. Je pourrais dire que j’avais à m’occuper des enfants (c’est vrai) mais j’avais, en réalité, un peu peur aussi. Peur d’être interpellé, assigné à résidence, de perdre mon travail, une partie de ma vie. Peur surtout de perturber mes enfants qui ne savent pas tout ça et qui se retrouveraient malgré eux plongés dans des conséquences d’actions qu’ils ne comprennent pas. Peur des mêmes choses contre lesquelles je voulais manifester.
Me voici donc face à ma propre lâcheté : jusqu’où suis-je prêt à regarder les barreaux se resserer ? Est-ce qu’au final, en dépit de mes belles paroles, je ne réagirai que quand ma famille sera directement concernée ?
Il ne fait pas bon se regarder dans le miroir, parfois.