— Uber : la plus grande compagnie de taxi au monde, ne possède aucun véhicule.
— Facebook : la plus grande compagnie media au monde, ne créé aucun contenu.
— Alibaba : le plus gros commerçant au monde, n’a pas de stocks.
— Airbnb : le plus grand fournisseur de logement au monde, ne possède aucun bien immobilier.
Doctolib aspire les patientèles des médecins sans soigner, Just Eat (Allo Resto) nourrit les gens à domicile sans préparer un seul plat, Ornikar aide à passer le permis sans gérer de flotte de véhicules… la liste est longue.
Je suis conscient que ce qu’on appelle aujourd’hui l’uberisation ou la disruption n’est qu’une évolution vieille comme le monde mais j’ai l’impression que les échelles ont changé. Internet, particulièrement, a rendu la création d’intermédiaires, véritables aspirateurs à valeur, plus facile à grande échelle.
Pourtant, plusieurs choses me taquinent :
- d’une part, la plupart de ces solutions à grande échelle font abstraction des spécificités locales (notamment des contextes légaux et normatifs) ;
- d’autre part, en proposant de nouvelles interactions en dehors du cadre connu, elles échappent souvent aux contraintes réglementaires qui protègent les consommateurs ;
- enfin, ces solutions ne sont possibles que parce que les corporations concernées (taxis, medias, commerce, tourisme, médecins, restaurateurs, auto-école…) n’ont pas les capacités ou l’agilité nécessaire pour s’organiser elles-mêmes, compte-tenu de ces spécificités, et proposer une expérience cohérente à leurs clients.
J’ai encore du mal à savoir si cette disruption est nécessaire pour favoriser l’innovation ou si elle est le symptôme d’une société qui, au contraire, ne favorise pas l’émergence de l’innovation au sein de ses propres structures.