Panique à bord, le réveil n’a pas sonné et nous avons plus d’une heure de retard. Je dis aux enfants, qui peinent à sortir du sommeil, de s’habiller vite. Pour les motiver, je leur promets un petit-déjeuner chez Paul, face à l’école.
C’est évidemment le moment choisi par mon aîné pour aller parachuter un gothique et se rater au niveau de l’essuyage, ce qui m’oblige à le doucher entièrement.
Pendant ce temps, le petit râle parce qu’il n’aime pas les vêtements que je lui ai sorti. Il change de pull trois fois, puis va mettre ses chaussures. Pour une raisons qui m’échappe au début, il remonte les bras chargés de boites de céréales.
— On peut emmener les céréales chez Paul ?
— Euh, non, chéri, il y a à manger là-bas…
— Mais Paul, peut-être qu’il n’a pas de céréales, Paul ?
Je lui explique donc que Paul n’est pas une personne mais une boulangerie. Crise de larmes : il pensait qu’on allait chez Paul, son copain de classe. Il est déçu.
Il est rapidement rejoint par le grand qui déambule tout nu en chouinant qu’il ne voulait pas prendre de douche ce matin, qu’il en avait déjà pris une hier. Je suis à deux doigt de lui mettre sur le visage ce que je viens de lui enlever des fesses, mais me retiens.
Le petit finit par repartir pour aller mettre ses chaussures et après beaucoup de réconfort, le grand se décide à enfin s’habiller. Voyant qu’il est lancé, je décide de rejoindre le petit et le découvre… nu comme un ver.
C’est le caleçon qui me grattait, Papa !
Je le rhabille (en changeant trois fois de caleçon jusqu’à ce qu’il en trouve un qui ne le gratte pas), le grand nous rejoint (habillé, victoire !) et nous partons en voiture.
Enfin, « nous partons »… le bus de ramassage scolaire est venu chercher les enfants du quartier et est garé pile devant le garage. Nous attendons donc dans la voiture pendant dix longues minutes pendant lesquelles le petit pleure parce que le grand pleure parce qu’il ne voulait pas prendre de douche ce matin.
En arrivant chez Paul, on m’explique qu’il va falloir attendre dix minutes de plus : c’est la livraison quotidienne, la caissière est occupée.
Dans ce moments-là, t’as envie de regarder la vie en face et de lui demander :