J’emmène le petit chez Mc Donald. Il prend un Happy Meal « garçon » et se voit offrir un jouet Transformers. Il a beau adorer les Transformers, il se rend compte avant de l’ouvrir que le jouet est nul. Nous allons donc l’échanger contre le jouet « fille », un « Mon Petit Poney » à peigner qui l’intéresse bien plus.
En sortant du magasin, on croise un jeune homme et une jeune femmme, proches, appuyés contre le mur. Le jeune homme dévisage mon fils, s’attarde sur le poney rose dans ses mains et ricâne, avant de lancer d’un ton incroyablement sarcastique.
Ah ben il est joli ton petit poney !
Mon fils, ne comprenant pas la pique masculiniste de cet étron sur pattes, lui répond du tac-au-tac.
Oh, oui, je sais. Il est trop beau. En plus, il est rose !
Surpris mais amusé par l’échange, je réfrène mon envie d’intervenir. Mon fils n’a visiblement pas besoin de moi. Le jeune homme enchaine, toujours aussi sarcastique :
Ah, j’aimerai bien avoir le même, c’est sûr.
Mon fils marque un temps d’arrêt, regarde son poney, puis l’homme, droit dans les yeux. Il se rapproche soudain d’un air très décidé et je crains qu’il ne soit en colère contre lui.
Je me précipite pour éviter qu’il ne lui mette un coup de pied et que la situation dégénère. Mais non, mon fils s’arrête net à environ trente centimètres du couple et se met à chuchoter.
Tu sais, en fait, c’est assez facile, Monsieur. Il faut que tu prends un Happy Meal, mais avec le jouet des filles, hein, parce que le jouet des garçons, c’est nul, c’est un « Decepticon » qui se transforme même pas. Faut pas te tromper, hein, le jouet des filles. Même si tu es un garçon. Tu… tu as compris ? Tu vas y arriver ?
Il fixe l’homme du regard comme pour attendre une confirmation. En face de lui, le jeune homme est interloqué, et rouge pivoine. Sa compagne commence à pouffer. Mon fils semble s’éclairer d’une compréhension nouvelle de la situation.
Ah mais oui ! Tu dis rien parce que tu peux pas prendre un Happy Meal ! C’est vrai que c’est que pour les petits, le Happy Meal. Du coup, comme toi t’es grand, tu devrais prendre un autre truc avec, sinon tu vas avoir vraiment faim.
Sur ce, satisfait, il leur lance un « Bonne soirée ! » et me prend la main, signe qu’il a fini et est prêt à partir. Nous avons rejoint notre véhicule et sommes rentrés à la maison. Je crois que j’ai entendu la jeune femme rire à gorge déployée jusqu’à ce qu’on quitte le parking.