Ce tutoriel de Mélanie Wanga sur la manière dont on peut s’excuser est une perle. Je l’ai écouté au moins 200 fois. Il est court, précis et m’a permis, plus qu’à mon tour, d’interroger la manière dont je présentais des excuses, dans le milieu professonnel comme auprès de mes proches.
Je vous le recommande chaudement.
Pour tous ceux qui savent qu’ils ont merdé mais qui n’ont jamais appris à s’excuser, ou qui ne sont pas sûrs de savoir comment faire, quelques recommandations.
À ne pas faire : minimiser ses actions.
Aux personnes qui se sont senties visées ici ou ailleurs depuis onze ans, par une ou plusieurs de mes saillies ricaneuses…
Badaboum 🎶
Quand on a blessé quelqu’un, on a fait mal. Notre action a causé de la souffrance. C’est donc pas vraiment le moment de minimiser cet acte par des tournures linguistiques qui mettent à distance la réalité.
Dans le cas de la Ligue du Lol, il s’agit de harcèlement, de dénigrement, d’acharnement. C’est donc ces termes que les « loleurs » auraient dû adopter dans leurs excuses, et pas des expressions comme « propos maladroits », « obsession ciblée » ou « saillie ricaneuse », qui sont complètement déplacées.
À faire : reconnaître ce qu’on a fait.
Yeah 🎶
La personne auprès de qui vous vous excusez attend que vous nommiez les faits. Nommez-les franchement. Quand on marche sur le pied de quelqu’un, on n’a pas malencontreusement, appuyé sur l’extrémité d’une personne de manière non intentionnelle. On a marché sur le pied de quelqu’un.
La personne blessée a besoin de voir que vous comprenez ce dont il a été question, ce qu’il s’est passé. Prenez donc votre courage à deux mains, même si ça vous fait peur et nommez ce que vous avez fait.
Je t’ai harcelé
.
Je t’ai agressé .
Je t’ai fait du mal.
Je t’ai menti.
À ne pas faire : se déresponsabiliser
À l’époque j’étais jeune. Twitter c’était autre chose. J’ai l’impression d’avoir été un hater, solitaire plutôt qu’un leader. Je me sentais appartenir à un truc.
Badaboum 🎶
La déresponsabilisation a été le principal travers des excuses des membres de la Ligue du Lol. Tout y est passé : leur âge, leur origine géographique, leurs frustrations… or, ça n’a rien à voir avec leur participation à du harcèlement en masse. Des milliers de gens sont dans ces situations et pourtant, ils n’ont pas harcelé.
La déresponsabilisation, c’est quand la culpabilité face à l’acte est trop forte et qu’on en vient à se chercher des raisons pour lesquelles on a agi comme on a agi. Et… c’est pas l’objet d’une excuse. L’excuse concerne l’autre personne, pas vous.
À Faire : reconnaître sa responsabilité
Yeah 🎶
Si vous avez fait ce que vous avez fait, c’est que quelque part, au fond de vous, vous le vouliez. Quel que soit l’environnement, vous êtes la personne responsable.
Il faut parvenir à l’accepter, ne pas vous chercher de circonstance atténuante car elles ne sont pas ce que la personne à qui vous présentez vos excuses attend, ni ce dont elle a besoin.
C’est uniquement de ma faute, j’ai pris cette décision et je la regrette.
À ne pas faire : parler de son contexte personnel.
À l’époque, je venais de banlieue et je n’avais aucun contact sur Paris. J’adorais déjà le stand-up et frustré de ne pas le pratiquer, je tuais mon envie de blagues sur les réseaux.
Badaboum 🎶
Vos circonstances personnelles sont pas le sujet, en fait, certainement pas quand vous passez plus de temps à les détailler qu’à faire de vraies excuses.
À faire : parler des effets sur la victime
Yeah 🎶
Une bonne excuse parle des effets destructeurs de l’acte sur la victime. Réfléchissez et demandez-vous ce que votre action a enlevé à la personne : son bien-être, sa confiance, sa joie… Quels ont été les effets ?
Si vous avez du mal, c’est le moment d’être en empathie et d’imaginer comment vous vous sentiriez si vous étiez à la place de votre victime.
J’ai compris que ce que j’ai fait t’as empêché de faire telle ou telle chose. J’imagine que tu t’es sentie humiliée, trahie, isolée.
À ne pas faire : se dédouaner
À tous ceux qui ont pu se sentir visé.
La manière dont tu as vécu les choses.
À celles qui nourrissent encore un traumatisme.
À toutes celles et ceux que cela aurait pu atteindre.
Badaboum 🎶
Première chose : ne dites pas je m’excuse. Ce n’est pas à vous que vous présentez vos excuses mais à votre victime.
Autre erreur très classique, on ne s’excuse pas si on a blessé quelqu’un. Vous vous excusez pour vos actes. Vos excuses sont sincères et ont de la valeur parce que vous remettez en question votre acte en lui-même et vous êtes désolé de l’avoir commis quelles qu’en soient les conséquences. On s’excuse donc sans réserve.
D’autre part, on ne remet pas sur le dos des autres les conséquences, comme si le problème c’était la perception, les réactions ou les sentiments de la victime.
À faire : présenter de vraies excuses
Je te demande pardon.
Je te présente mes excuses.
Pardonne-moi.
Excuse-moi.
Yeah 🎶
Toutes ces expressions mettent en avant ce qui est en train de se jouer. Le fait que vous avez réalisé que vous aviez commis un acte blessant, que vous avez compris son impact et que vous présentez vos excuses.
En revanche, le pardon de votre victime ne vous est pas dû.
Tout ce que vous pouvez faire, c’est de présenter vos excuses sincères du mieux que vous pouvez. Et puis, vous pouvez promettre de ne plus recommencer.