Depuis les années 70, une figure revient souvent dans la littérature féministe : la sorcière. Devenue objet d’étude, la sorcière incarne tout ce qui est reproché aux femmes dans notre société. Indépendantes et autonomes, elles refusent les injonctions des hommes (notamment les injonctions procréatrices et maternelles), détiennent davantage de savoir – et donc de pouvoir – qu’eux et mettent ce pouvoir au service de la sororité.
Découverte sur Twitter, Mona Chollet est une journaliste (cheffe de rédaction au Monde Diplomatique) et essayiste franco-suisse, notamment autrice de « Sorcières, la puissance invaincue des femmes », la Découverte, mais aussi de « Chez soi » et de « Beauté fatale ». Dans ses ouvrages, elle s’interroge sur de nombreux sujets, de la figure de la sorcière au contrôle du corps des femmes.
Dans « Sorcières », vous apprendrez beaucoup sur le sort réservé aux sorcières, mais surtout sur la condition contemporainne des femmes occidentales, toujours ostracisées et pour les mêmes raisons. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends le décès d’Anémone, grande actrice mais également femme souvent critiquée pour ses prises de paroles nécessaires sur l’injonction faite aux femmes à devenir mères.
J’ai donc envie de partager, de « Sorcières », ce passage :
[Ne pas avoir d’enfant] ne signifie pas ne rien transmettre. Le même manque d’imagination nous empêche de voir que la transmission - outre que les enfants ne s’en chargent pas toujours, ou pas forcément d’une façon qui vous satisfait - emprunte de nombreux chemins : chaque existence humaine bouscule une infinité de quilles et laisse une empreinte profonde, qu’il n’est pas toujours en notre pouvoir de cartographier. Mona Chollet, « Sorcières - La Puissance invaincue des femmes », La Découverte, 2018