Hier, je lisais un tweet d’une personne qui demandait ce que voulait dire « sentir quelqu’un arriver » et ça m’a rappelé que quand j’étais petit, ça m’était déjà arrivé quelquefois. J’étais donc persuadé, quand je lisais des romans où cette tournure était utilisée, que c’était le cas de tout le monde. Et qu’en grandissant, je finirai par sentir tout le monde arriver. Avec mon nez.
Ça me semblait naturel mais j’ai appris avec le temps que tout le monde n’était pas comme ça. Je vais décrire quelques petites choses positives comme négatives et peut-être que quelqu’un
se reconnaitra et se sentira moins seul .Tel que je le perçois, chacun
a une odeur à soi, mais elle n’est pas perçue de la même manière par les autres. J’ai déjà ressenti des affinités avec des gens dont je trouvais qu’ils sentaient bon, comme d’autres se rapprochent de gens qu’ils trouvent beaux. Ma femme, pour moi, sent un peu la brioche.Je reconnais souvent des parfums du commerce mais je n’ai jamais travaillé ma mémoire. Imaginez que vous êtes sur la route et que vous regardez les voitures passer, sans rien y connaitre aux voitures. Si un modèle revient régulièrement, vous allez le reconnaitre sans forcément pouvoir le nommer. Ben voilà, ça fait comme ça.
Petite nuance : le parfum se superpose à l’odeur spécifique de la personne, donc chaque odeur est un peu unique quand même. C’est comme si chaque voiture avait sa propre couleur de carrosserie. On reconnait le modèle, mais aussi sa particularité.
Je croise très rarement des personnes avec des parfums sur-mesure, réalisés par des parfumeurs. Ça m’obnubile. Je ne sais pas comment le décrire : c’est comme si vous croisiez une star habillée en tenue de soirée avec énormément de goût et que vous n’arriviez pas à détourner le regard. Je peux repenser à l’odeur pendant des jours.
Les odeurs font partie de mes souvenirs et je peux mobiliser mon imaginaire pour invoquer une odeur.
Je trouve très désagréable les odeurs synthétiques. Si j’ai le choix entre sentir du Axe toute la journée ou la transpiration d’un collègue, je prends la transpiration. Ça ne sera pas agréable, mais je pourrais vivre avec.
Alors que je me suis déjà mis à pleurer parce qu’une collègue avait mis trop de déodorant et que l’odeur m’était intolérable.
Je sais quel usage font les gens des parfums « masqueurs d’odeurs », notamment dans les WC, donc je les utilise aussi pour ça. Mais je n’ai jamais compris en quoi ça masquait quelque chose. C’est juste une odeur chimique qui se superpose à l’autre.
Il existe plusieurs odeurs synthétiques pour certains parfums. Si vous me dites qu’un truc sent « le jasmin », j’ai au moins 4 bouquets d’odeur qui me viennent en tête et qui sont plus ou moins verts, plus ou moins intenses, plus ou moins sucrés.
Ça ne m’a jamais servi à grand-chose, si ce n’est à détecter si les aliments étaient comestibles mais attention, c’est très dépendant de la température. Les produits très froids n’ont presque pas d’odeur. Je fais un très bon « Rémi » (référence à Ratatouille).
Je suis horrible pour mes enfants : je suis un vrai détecteur à mensonge quand il s’agit de se brosser les dents. Même à l’autre bout de la pièce, je sens leur haleine.
Inconvénient : même à l’autre bout de la pièce, je sens leur haleine.
Je suis capable d’imaginer un parfum dans ma tête à partir de sa description textuelle de notes de tête et de cœur. La note de fond est souvent trop indissociable de l’odeur de la personne pour être pertinente.
Pendant très longtemps, je n’ai plus pu rentrer dans une parfumerie. Je me rappelle y aller avec ma mère quand j’avais 10-12 ans. Et après avec ma femme quand j’avais 30 ans. Entre les deux, une énorme période où passer à côté me coupait la respiration. Je me mettais devant, je demandais aux vendeuses de me choisir un parfum à partir de souhaits, et je payais en liquide.
Aujourd’hui, 38 ans, je suis en mesure de « trier » des odeurs persistantes pour choisir sur laquelle je souhaite me concentrer. Mais c’est un effort, et je méprise les marques qui misent beaucoup que la ventilation d’odeur à l’extérieur des magasins ou restaurants.
Adolescent, j’ai appris à reconnaître que les odeurs des gens varient dans le temps. Elles peuvent varier en qualité (parfum, lessive, mais aussi odeur ferreuse sur les personnes qui ont pris le métro) ou en intensité. Et cette intensité peut varier pour plein de raisons.
J’ai par exemple découvert en fin de lycée que je détectais chez des amies proches et sans le vouloir des variations d’intensité qui se produisaient tous les mois, pendant quelques jours. J’ai mis des années avant de comprendre de qu’il pouvait s’agir de variations de la sudation lors des syndromes prémenstruels. Heureusement pour moi, il y a peu de gens avec qui je vis une telle promiscuité aujourd’hui, et je ne repère plus ce genre de choses.
En revanche, ça m’est déjà arrivé aussi de sentir le stress de certaines personnes, notamment en faisant passer des entretiens. Une odeur qui gagne en intensité et en chaleur : le candidat ou la candidate vit un mauvais moment, il faut le ou la mettre à l’aise pour mieux évaluer ses compétences (sauf si l’évaluation de la capacité à gérer le stress fait partie du poste, bien sûr).
J’ai déjà essayé d’en parler et les questions se sont vite dirigées vers des préjugés. « et les XXX, c’est vrai qu’ils sentent ? ». Si c’est la question que vous vous posez maintenant, interrogez-vous sur vos biais, notamment racistes.
En revanche, un truc que vous ne savez sûrement pas : tel que je le perçois, les gens d’une même famille ont souvent des odeurs corporelles similaires. Si vous n’aimez pas l’odeur des pieds de votre sœur, désolé, mais il y a de grandes chances que vous ayez la même.
Je ne sais pas si c’est héréditaire mais un de mes fils présente des capacités suspectes.
Le COVID m’inquiète, même sans risque à long terme sur ma santé. La perspective de perdre mon odorat m’angoisse. Quand j’ai le nez bouché, j’ai l’impression d’avoir perdu un sens vital.
Ce qui devait arriver… j’ai fini par attraper le COVID et j’ai effectivement perdu l’odorat pendant quelques jours après la période d’isolement (oui, c’est arrivé après). Le nez collé sur le déodorant, impossible de sentir quoi que ce soit. Curieusement, ça ne m’a pas dérangé tant que ça. En fait, ne pas tout sentir, c’est très reposant (surtout quand on doit voyager dans un train bondé sans clim et avec un masque). Le vrai souci, c’est que je me repose quand même un peu sur cette capacité pour certaines choses, donc il y a eu quelques plats ratés (je cuisine à l’odorat, y compris pour déterminer si un aliment est cuit). Je suis quand même heureux que ça revienne de temps en temps, et de plus en plus longtemps. L’odeur de ma femme me manquait, et j’avais l’impression de ne pas être vraiment à côté d’elle-même quand je l’étais (j’imagine que pour des gens qui n’ont pas d’odorat, ce que je dis est très étrange).