Je n’étais pas prêt, vendredi, quand l’école a appelé pour que je vienne te chercher.
Je n’étais pas prêt non plus quand je t’ai vu, tenant ton mouchoir en sang contre ta bouche. Je ne savais pas quoi te dire, comment te dire. Qu’on allait trouver une solution, qu’on ne pouvait plus revenir en arrière, que les poteaux en métal ne sont pas tes amis. Visiblement, cette leçon-là, tu l’as retenue.
J’ai prévenu ta mère. On ne savait pas quoi faire, alors on a appelé le 15. Et on a passé des heures à tomber sur des répondeurs, à rencontrer des gens, à plusieurs endroits, qui ne savaient pas quoi faire non plus. Et puis après plusieurs heures et des déplacements, on a fini par avoir une radio, une dentiste et puis on a envisagé des possibilités, et puis on a imaginé ton futur, et on t’a tenu la main tout du long.
Et le soir, quand je t’ai couché, tu m’as dis que tu m’aimais, que j’étais le meilleur papa du monde, parce que je savais toujours quoi faire.
Alors je suis allé me coucher en sachant que toi aussi, peut-être, un jour, tu seras papa. Et que tu ne sauras pas quoi faire non plus. Mais qu’on t’aura peut-être donné la force de le faire quand même.