Mon grand-père me racontait souvent son internat lycéen. Séparé de sa famille de plusieurs dizaines de kilomètres, il était néanmoins heureux d’avoir la chance de recevoir une éducation.Ces valeurs se sont perdues, ou est-ce moi qui disjoncte ?
Aujourd’hui j’ai l’impression que recevoir une éducation est devenu un dû et que plus aucun respect n’est accordé à l’enseignement. Je pense à ces procès que l’on voit fleurir dès qu’un professeur hausse le ton ou encore à ces parents qui viennent supplier les enseignants de laisser leur enfant passer en classe supérieure… comme si redoubler était une tare congénitale et que la nécessité pour leur enfant de bénéficier d’une année supplémentaire d’éducation était une preuve irréfutable de leur propre bêtise.Mais dans la pensée collective, l’État a le devoir de maintenir les étudiants au niveau. Si ce n’est pas le cas, il suffit de faire travailler les étudiants baisser le niveau. Et c’est comme ça qu’on arrive à des pourcentages de réussite au BAC toujours plus hauts malgré les grèves…
L’Education Nationale est une gigantesque pieuvre administrative dans laquelle tout est fait pour laisser peser un maximum de responsabilité sur le corps professoral, de plus en plus malheureux malgré des investissements toujours croissants (de 56.6 milliards en 2005 à 58.28 en 2008 ; montant qu’il faut doubler si on considère l’apport des collectivités territoriales, entreprises, ménages… etc… sources 1 et 2) malgré des réductions d’effectifs constantes et d’ailleurs, dénoncées. En dépit de ce constat, aucune remise en cause par la base d’un système qui rend malheureux ses salariés et inefficaces ses moyens. Tout va bien, on continue comme ça. On se plaint (beaucoup), on fait évoluer ses enseignements (un peu), on pense à changer (jamais)….
Aucune solution ne peut être discutée car aucune discussion ne semble possible… Les mesures gouvernementales ne peuvent être qu’inacceptables. Les manifestations, appuyées par un corps enseignant qui incite les lycéens (se motivant facilement à 1. Se rebeller et 2. Sécher les cours) à le soutenir. Comment ne pas induire ces jeunes, appelés sans cesse à « penser par eux-même » à ne pas confondre la libre réflexion et l’opposition systématique (vidéo) ? Après tout, leurs ainés et professeurs le font bien (vidéo) ! Normal, ce sont encore une fois les plus extrémistes qui sont écoutés, représentants d’anciennes forces syndicales cherchant à amasser des adhérents pour ne pas perdre leur bonus en représentativité…
Les manifestants et opposants à la réforme de Xavier Darcos ont-ils pour autant tort ? La réponse est délicate. D’un côté nous avons un système qui s’est progressivement éloigné de son objectif originel : enseigner, pour s’approcher davantage d’une système de promotion sociale dans lequel l’enseignant tient tous les rôles et surtout, toutes les responsabilités (y compris celui d’inculquer aux enfants et adolescents des valeurs fondamentales à la place de leurs parents, sans pour autant disposer des mêmes tolérances).
Je comprends donc parfaitement la logique gouvernementale de ne pas renouveler un certain nombre de postes de départs à la retraite dans la mesure où elle permet un retour à un pseudo-flux tendu (nécessité étant de conserver une certaine quantité d’enseignants disponibles mais d’en assurer la rotation). Maintenant la question que j’ai envie de poser est : et après ? Va-t-on enfin alléger l’enseignant des tâches qui ne sont pas les siennes et lui redonner les moyens et le rôle qu’il devrait avoir : celui d’enseigner ? Arrêter de crier à la mort quand on faire apprendre des choses par cœur aux enfants, ne pas remettre en cause le niveau même s’il est difficile pour certains, laisser un certain champ d’action répressif, autoriser et favoriser les projets innovants…
Bref, il y a encore du pain sur la planche.