Je vous propose aujourd’hui une introduction au XBRL, langage dont vous avez sûrement déjà entendu / vous entendrez parler durant les prochaines années dans la sphère informatico-financière…
XBRL est en langage déclaratif fondé sur le standard XML, conçu pour être un langage universel d’expression, de dématérialisation et de transmission électronique de données financières. Sa maitrise et son expansion sont donc un enjeu de taille pour les organismes réglementaires et les banques qui peinent aujourd’hui à échanger leurs données dans les formats Texte, Excel, PDF, HMTL… XBRL est un format ouvert, dirigé par des régulateurs, des agences gouvernementales et des vendeurs de logiciels réunis sous la forme d’un consortium : XBRL International Incorporated. Ce consortium se subdivise en juridictions indépendantes, souvent nationales, dont le but est double. D’une part, ces juridictions sont chargées de développer les classifications nécessaires localement pour l’évolution du langage et d’autre part, elles se chargent du lobbying auprès des acteurs de la Finance pour pousse l’adoption du standard.
L’idée est XBRL n’est pas seulement de faciliter l’échange de données financières mais également d’en accélérer et faciliter l’analyse. Cette problématique, inhérente au Web des Données dont on parle depuis plusieurs années (plus souvent sous le nom Web Sémantique), est toujours la même : celle de l’œuf ou la poule. Car pour réaliser des analyses intéressantes, il faut disposer d’une grande quantité de données mais pour disposer de telles données, il faut qu’elles aient été produites. Or les organismes réglementaires et les banques ne voient pas forcément l’intérêt de produire ces données, puisque pour l’instant, aucune analyse de masse n’est possible.
Mais pour XBRL, cette barrière à l’entrée sera bientôt totalement contournée : d’importantes structures, comme la SEC aux États-Unis, l’ont déjà inscrit dans leur logique d’échange et n’hésitent pas à partager leur connaissance du standard sur des portails (comme ici, celui de la SEC), entrainant l’adhésion de quelques cabinets d’experts comptables et de CAC (comme ici Price Waterhouse Coopers) qui ont formé leurs cadres à l’utilisation du langage. La SEC est même allée plus loin en exigeant de certaines entreprises qu’elles publient leurs résultats financiers en utilisant XBRL, insistant d’abord sur les entreprises à forte valorisation. Le Japon, les Pays-Bas, l’Australie et l’Angleterre utilisent également XBRL.
Fer de lance d’une nouvelle volonté politique (l’accès du public aux données étant souvent la mesure phare d’une politique de gouvernance transparente), XBRL est souvent présenté comme un remède à l’opacité des marchés jugée responsable de l’ensemble des crises passées, y compris la plus récente. Mais XBRL ne rassurera pas les marchés si ceux-ci ne disposent pas d’outils d’analyses fiables et performants. Ainsi, les États ne sont pas les seuls sur la brèche. Comme l’explique ReadWriteWeb France, de nombreux fournisseurs de données financières comme Kaazing orientent leur R&D vers le Web Temps Réel en utilisant les fonctionnalités de HTML5 et, sans nul doute, les standards comme XBRL. D’un standard par définition, XBRL va donc rapidement devenir un standard adopté massivement dont la connaissance sera obligatoire dans les milieux informatico-financiers pour bien maitriser l’information (et obtenir un retour sur l’investissement nécessaire à la production des données en XBRL).
L’autre intérêt du XBRL, c’est qu’il introduit une couche d’abstraction extrêmement structurante. Résultat : il est très facile de traduire les libellés des données. La traduction des mots-clés, garantie par l’IASB, assure ainsi qu’un document normé IFRS français pourra être disponible, dès sa publication, en toute langue compatible IFRS… Evidemment, il reste des difficultés à surmonter comme le remplacement des libellés culturellement utilisés par certaines entreprises par des libellés standardisés et la traduction, toujours pas automatisable, des notes textuelles ajoutées aux documents…
Cependant je pense que nous allons, dans les prochaines années, voir proliférer ce genre de standard de communication des données. En définissant une norme commune pour tous les acteurs, XBRL affranchit à la fois les utilisateurs de leur(s) dépendance(s) à des formats propriétaires seulement éditables par des solutions d’éditeurs et accroit la rapidité du traitement de l’information financière en supprimant plusieurs intermédiaires humains de lecture et saisie des données entre deux entreprises. Ainsi, l’investissement ne se porte plus que sur le traitement de l’information avec, on l’espère, de meilleurs résultats.