Depuis des années, le monde de la Culture tente de se prémunir des tendances du marché et, protégé par tout un ensemble de mécaniques légales, vit dans un monde d’offre sans forcément qu’il y ait une demande équivalente. Comme cela ne fonctionne pas bien, la Culture cherche en permanence des poches d’argent à percer et la dernière en date est celle de Google que la Presse (car c’est elle qui monte à la charge cette fois) accuse de vivre sur ses contenus. Car ma petite madame, rendez-vous compte, c’est quand même honteux qu’un moteur de recherche indexe les contenus qui ont été optimisés spécifiquement pour ce moteur… Hum.
La situation est typiquement celle de l’hôtel de vacances et de l’agence de tourisme. L’hôtel est loin de ses clients, entouré d’autres hôtels équivalents, et cherche à promouvoir son offre. Il passe donc par une agence, dont le rôle est d’enrichir des catalogue d’offres à présenter à ses clients, une cible locale. L’agence agit donc en prestataire de référencement pour l’hôtel et prend une commission au passage. L’hôtelier peut négocier avec l’agence, pour que celle-ci baisse sa marge, mais pensez-vous qu’il lui viendrait à l’idée de demander à l’agence de le payer ? Il serait automatiquement sorti du catalogue, point barre. C’est ce qui va arriver à la Presse française aussi si elle s’en prend à Google, et ça me semblerait assez logique.
La meilleure position pour l’hôtelier serait de mettre lui-même en valeur son offre en faisant jouer le bouche-à-oreille, en vantant les prestations de son établissement sur d’autres canaux (print, web, buzz…), en modifiant son offre de manière à la rendre plus attirante.
La Presse aussi devrait innover, en offrant ce qui n’existe pas encore, ou très peu :
- Des abonnements évolutifs, et à la carte (« le sport et l’international ne m’intéressent pas, donc je les retire et je paie moins cher »).
- Une meilleures inclusions sociales et je ne parle pas de simples commentaires. Je pense plutôt à une fonctionnalité de partage « à la Tumblr » qui permettrait à chacun de re-publier des articles et de créer son propre magasine à proposer aux autres, sur des thèmes de niches.
- Un rapport différent aux auteurs, qu’on connait aujourd’hui peu, et créer le dialogue entre l’auteur et le lecteur, notamment sur les sujets de fond.
- Davantage d’interactivité de manière à permettre aux lecteurs d’entrer dans les rédactions et de dicter la politique éditoriale.
- etc.
Il s’agit de modifications de fond cruciales, adaptées à la façon dont notre société consomme l’information (attention, « consommer » est un gros mot dans le monde de la Culture, utilisez-le avec parcimonie) qui seront douloureuses à mettre en place mais qui sont obligatoires si la Presse veut retrouver le contact qu’elle a perdu avec le lectorat. Et arrêter de tout résumer à : « Comment faire cracher Google ? »
Un bon résumé de la situation chez Authueil.