Depuis plusieurs années, je suis perturbé de voir à quel point nos représentations numériques sont des projections très imparfaites de nous-mêmes. Nous partageons rarement nos vies, nous partageons ce qui nous a plu, ce qui nous fait vibrer et, éventuellement, les moments douloureux mais uniquement ceux dans lesquels nous sommes accompagnés ou dont nous nous sommes remis.
Nos lecteurs, qui par le biais des réseaux sociaux sont nos amis, notre famille, nos collègues… pensent alors que nos vies sont formidables, que nous sommes debouts dans les épreuves, que nous sommes bien entourés et ne vivons que des choses dont l’impact est positif… et peuvent s’en sentir eux-même attristés, seuls, isolés, invisible.
La vie n’est pas aussi belle.
Les vrais moments durs, les moments pénibles, les moments où on sert les dents en espérant que ce sera différent le lendemain, les moments de détresse où l’on ne se reconnait plus et où on se sent perdu… sont rarement des moments que nous avons envie de partager en dehors d’un cercle intime.
Cependant, ces moments arrivent. Ils m’arrivent à moi, ils arrivent aux personnes connues, ils arrivent aux gens que vous croisez dans la rue, ils arrivent à tout le monde. Ne l’oublions jamais.